Soirée organisée [Jeremiah]

Une mélodie victorieuse de la 14ème symphonie de Mozart flottée dans l’appartement luxueux, faisant vibrer les murs de son intense présence. L’intérieur était plutôt sobre, spacieux et tout était rigoureusement rangé. Et pour cause, cet appartement n’était seulement habité que pour quelques occasions. Au premier abord, Aaricia Sanders y vivait ; c’était une couverture pour les humains mais le réel endroit où elle passait la plupart de son temps était inconnu de tous. C’était une grande bâtisse victorienne au plus profond d’une grande forêt dénuée de toutes habitations supplémentaires. Avec tous les ennemis qu’elle s’était fait, cela n’aurait pas été prudent de vivre en ville. Aux quatre vingtièmes étages du gigantesque gratte-ciel qui surplombait Chicago, dans le salon aux tons de beiges et de bruns, une immense baie vitrée offrait une vue époustouflante sur la ville en ébullition. Sur le petit balcon en terre cuite qui rendait le tout plus chaleureux que cela n’y paraissait, une silhouette fine et gracieuse était appuyée contre le rebord, aspirée dans une contemplation mystérieuse des lumières dispersées qui brillaient comme des étoiles. Il devait être à 22h30 et la nuit s’était abattue sur Chicago, en révélant un de ses aspects les plus envoûtants. Aaricia attendait ses invités, le sourire aux lèvres, rêvant à ce qui pourrait être une réussite prometteuse. Elle avait convié Benjamin Stokes, un grand investisseur et détendeur d’une grande industrie aéronautique qu’elle connaissait depuis maintenant quelques mois, et il ne viendrait pas seul… En effet, il devait ramener avec lui le fameux Jeremiah Carver, l’un des pilotes essentiels de la bourse de Chicago. Inutile de dire que celui-ci était très réputé, très convoité et convié ; ainsi, Aaricia allait devoir la jouer avec délicatesse pour essayer de se faire une place dans sa vie. Cela n’avait jamais été très dur pour elle ; en général, tous les hommes du milieu qu’elle rencontrait était impressionné que ce soit par son compte en banque, son physique avantageux, ou son caractère glamour et déterminé. Jeremiah l’intéressait pour une simple et bonne raison ; il était l’un des actionnaires les plus intéressants à connaître et surtout, il avait été contact avec Ynes Enghart, la Reine des lycans. Malgré le fait qu’elle soit d’une personnalité confiante, Aaricia ne préférait pas se réjouir trop tôt de la bataille qui allait se jouer. Tout pouvait s’inverser à une vitesse fulgurante, faussant les plans que l’on pouvait se faire d’une soirée. Les deux convives devaient dîner dans un restaurant avec quelques autres personnes avant de passer à son appartement pour « boire un verre ». Aaricia prit une grande inspiration ; une bouffée d’air de plein poumons avant de rentrer pour saisir le verre qui se trouvait sur la table en bois massif. Le liquide qui s’y trouvait était d’un rouge carmin et elle le porta à ses lèvres pour en boire une gorgée bienfaisante. Ce n’était pas du vin mais du sang de sa dernière cuvée qui datait de pas plus tard que quelques heures. La mélodie entraînante à grande dimension dramatique se dissipa pour reprendre de plus belle. Le décor était parfait et la jeune femme s’y fondait avec prestance. Vêtue d’une robe noire relevant sa fine taille et ses courbes généreuses tout en dévoilant son dos jusqu’au creux de ses reins, Aaricia n’en paraissait que plus divine et subtile. Ses cheveux ondulés étaient relevés, retombant seulement en quelques mèches gracieuses sur son visage fin et avec sensualité sur sa nuque dégagée. Lorsqu’elle eut fini le liquide vital qui tâchait encore son verre en cristal, elle le passa sous l’eau et le posa sur l’évier ; que penseraient ses invités si ils se rendaient compte que la consistance de ce vin était étrange ? A cette pensée, un sourire en coin agrémenta le visage de la belle, puis elle se rendit dans le salon, laissant glisser ses doigts sur les meubles parfaitement ordonnés et immaculés. C’est alors que la sonnerie retentit, lui arrachant un frisson d’excitation. Si ce Jeremiah était dénué de tout intérêt de jeu, elle aurait vite fait de le transformer pour le ramener à sa cause, mais elle espérait sincèrement qu’il serait à la hauteur de ses espérances. Aaricia se rendit jusqu’à la porte puis l’ouvrit pour faire face aux deux hommes… En compagnie de deux personnes inattendues. Une jeune femme blonde à l’allure de mannequin était pendue au bras de Benjamin, possédant l’un de ses sourires niais que l’on peut attribuer aux femmes sans cervelle dont beaucoup ont recours. Puis, la seconde avait l’air moins stupide mais tout aussi superficielle et se tenait auprès de Jeremiah Carver sans pour autant s’accrocher à lui. L’expression d’Aaricia se figea durant quelques secondes, presque imperceptible, avant qu’elle ne leur offre un sourire poli. Elle était persuadée que tout cela avait été orchestré par Benjamin ; il avait bien trop le goût des femmes et faisait tout pour la rendre jalouse. Mais elle, jalouse à son sujet ? Cela ne risquait pas d’arriver. Elle devrait aviser ; ces deux pimbêches n’étaient pas vraiment prévues au programme.

« Bonsoir messieurs… et mesdemoiselles. » Leur déclara-elle alors tout en les invitant à rentrer d’un geste de la main.

Elle détailla non sans discrétion les deux jeunes femmes qui les accompagnaient. Décidément, Benjamin n’avait aucun goût pour les choisir. Elles auraient pu faire le trottoir que l’on y aurait vu que du feu. Ils pénétrèrent dans l’appartement et Aaricia referma la porte dans un geste serein et déterminé. Elle se retourna vers ses convives, le sourire aux lèvres puis s’approcha de Benjamin, posant une main sur son avant-bras de libre pour venir lui faire la bise.

« Je suis contente de te voir… » Lui souffla-elle.

Alors qu’elle était tout prés de son oreille, elle en vint à lui susurrer quelques mots que les autres ne pouvaient entendre.

« Ce n’était pas vraiment la peine de nous ramener… Ces inutilités. »

Elle mit fin à leur étreinte alors que celui-ci lui répondait.

« Bonsoir Aaricia… Toujours aussi superbe. Tu m’épateras toujours. » Déclara-il avec ce sourire mesquin qu’elle détestait tant. « Laisse moi te présenter Jeremiah Carver et voici Lindsey et Cindy. »

Le regard qu’il lui adressa voulait tout dire. Les festivités allaient commencer et le jeu était ouvert. Aaricia s’approcha du fameux Jeremiah et lui tendit sa main en guise de poignée de main polie.

« Bonsoir Monsieur Carver… Enchantée de faire votre connaissance. » Lui déclara-elle en plissant malicieusement les yeux. « Je vous remercie d’avoir accepté l’invitation. Vous devez vraiment être… »

Elle jeta un bref regard à la jeune femme qui se tenait à côté de lui avant de reprendre.

« Très occupé. »

Elle salua poliment les deux pimbêches avant de les inviter à se rendre dans le salon pour leur servir une coupe de champagne. Cindy et Lindsay avaient l’air d’être pas mal amochées et elle pouvait voir la lueur malsaine briller dans le regard de Benjamin. S’il cherchait à la rendre jalouse, le pauvre avait vraiment en tête des espoirs vains. Elle reporta son attention sur Jeremiah. Il était encore mieux en vrai et le mystère qu’il dégageait ne rendait Aaricia que plus curieuse à son sujet...

" Voyons Jeremiah, tu ne vas pas nous abandonner comme ça " lâcha Benjamin en tendant un instant son cigare devant les lèvres de la blonde qui l’accompagnait
« Il le faut bien, la bourse ne va pas nous attendre pour ouvrir. J’ai quelques petites manœuvres à effecteur demain matin. » Répondit il en descendant quelques marches plus bas, le rapprochant de sa limousine.

" Aaricia sera déçue, c’était chez elle que nous allions, quand je lui ai dis que le fils Carver se joindrait à nous, elle était enthousiaste… "

Le jeune homme s’arrêta, laissant le portier la à tenir la porte de la voiture grand ouverte. Observant Benjamin en silence, celui-ci affichait son habituel sourire narquois quand il savait qu’il avait gagné d’avance. Sanders était un nom comme quelques uns que l’on connaissait quand on était dans le business des hautes sphères de la ville. Décliner son invitation n’était peut être pas une si bonne idée que ça. Reculant les pans de la veste de son smoking, il posa les mains sur sa taille en signe d’exaspération, tout en faisant un pas en arriére pour laisser passer ses compagnons de soirée.

" Et bien allons y... " dit il sur un ton un peu exaspéré en rentrant à son tour et en donnant les indications au chauffeur, pendant que Benjamin ouvrait une bouteille de champagne dans la voiture pour distraire les deux cruches qu’il avait ramené avec lui, Jeremiah dans le plus grand des calme, observait les enseignes lumineuses. Pensif attendant que le temps passe tout simplement. Les rires et discussion des joyeux lurons ne semblaient pas arriver jusqu'à ses pensées. Ce fut un contact qui le ramena au autres. Apparemment benjamin semblait préférait les blondes et la brune se sentant un peu délaissée s’était rabattue sur Jeremiah, lâchant un rire en posant sa texte sur son épaule, le jeune homme se contenta de lacher un soupire et tourna à nouveau la tête vers la vitre pour esquiver les lèvres de la demoiselle. Non, ce soir, il n’était pas d’humeur à jouer avec une écervelée sans compter que cela n’avait jamais été l’une de ses distractions favorites. Heureusement pour lui la limousine se stoppa 2 min plus tard et il leur fallu 5 min pour se retrouver devant la porte d’Aaricia Sanders, arrangeant d’une main son col plus par habitude comme à chaque fois qu’il s’apprêtait à rentrer dans une nouvelle pièce, il laissa benjamin présentait sa connaissance. Si Aaricia et Jeremiah c’était déjà trouvé dans une même pièce, il n’avait jamais vu la jeune femme d’aussi près et il n’était pas déçu de ce qu’il voyait. Leur ôte avait un charme certain et une assurance sans faille. Il avait le sentiment confus de retrouver une jeune femme de la même trempe d’Ynes. Femme de pouvoir, femme séductrice,femme mystérieuse femme fatale pour faire court.

" Enchanté Mademoiselle Sanders, c’est moi qui vous remercie pour votre accueil et surtout de nous accorder un peu de votre temps. " répondit il sur un ton détaché sans se soucier de la brune qui semblait pas vraiment décidée à le lâcher. Il lui adressa quelques secondes un sourire poli ne sachant pas trop par ou continuer, apres tout c'etait l'idée de Benjamin de venir ici et il n'avait pas la moindre idée de la suite du programme, observant un peu les lieux comme s'ils allaient en dévoiler un peu plus sur cette riche héritiére.

A première vue, Jeremiah Carver était plutôt modeste… C’était bien rare dans le milieu et Aaricia en déduisit que ce jeune homme n’avait pas les mêmes motivations que ses compères. Il n’était pas comme Benjamin, même si celui-ci avait un don certain pour les affaires. Alors que ses convives pénétraient dans le salon, Aaricia leur laissa le temps d’explorer chaque recoin ; tout individu aimait savoir où il mettait les pieds avant de daigner se détendre. Elle leur servit à chacun un verre d’une excellente cuvée de vin blanc et leur tendit tout en les invitant à s’installer sur le divan. La lumière était tamisée et le fond musical détendait l’atmosphère du mieux possible. Aaricia prit place dans le fauteuil qui était de l’autre côté de la table basse puis leva son verre en cristal en direction des individus qui lui faisaient face.

« Alors, trinquons à cette soirée ! » Leur déclara-elle avec un sourire en coin, croisant ses jambes dans un geste suave et élégant.

Les deux greluches se mirent à ricaner sous l’effet de l’alcool qui leur dévorait le cerveau et Aaricia ne leur porta aucune attention, préférant se concentrer sur les deux hommes d’affaires. Elle porta le verre à ses lèvres et en but une gorgée tout en ne quittant pas des yeux son invité d’honneur. Benjamin saisit au vol le regard de la jeune femme puis jeta un coup d’œil avisé vers Jeremiah. Que de lourds sous entendus qu’Aaricia relevait avec amusement.

« Dites-moi, monsieur Carver, qu’est ce que cela fait de gérer la plupart des bourses de Chicago ? » Lui demanda-elle.

Aaricia avait déjà rencontré le père de celui-ci et elle avait pu constater qu’il n’était pas si différent des autres, malgré son succès incontestable, et pourtant, Jeremiah n’avait pas l’air de tenir de son paternel. Il apparaissait comme un homme qui se devait d’aider l’affaire familiale sans pour autant ressentir cette avidité que tous possédaient en eux. Quant à Benjamin, son regard ne cessait de balayer la jeune femme et son interlocuteur, ne portant pas vraiment attention aux deux femmes assises prés de lui. Un sourire narquois agrémentait son visage alors que, dans une position nonchalante, il vint déposer son bras le long du canapé, derrière le dos de Lindsey. Son autre main vint porter le verre de vin à ses lèvres qu’il prit le temps de déguster en profitant du spectacle. Les deux pimbêches arrêtèrent alors de sourire bêtement pour essayer de se concentrer sur la discussion mais cela ne leur réussit pas vraiment. Après quelques minutes de discussion et déjà deux autres verres de vin entamés, Benjamin et ses « poulettes » ne tenaient plus en place. Avec ingratitude, il commençait à leur chuchoter des mots doux à l’oreille et Aaricia ne put réprimer un froncement de sourcils exaspéré.

« Aaricia… Tu ne devrais pas froncer les sourcils… ça va te donner des rides. » Répliqua Benjamin avec amusement.

La jeune femme ne put réprimer un de ses plus beaux sourires hypocrites à son égard. S’il savait comme elle n’avait pas pris une ride en 876 ans…

« Benjamin… Tu ne devrais pas flirter avec autant de femmes… » Rétorqua-elle avec sarcasmes. « Si tu savais comme cela te fait perdre en crédibilité… »

Elle appuya ses propos par une moue dubitative puis se leva de son fauteuil pour se rendre dans la cuisine dans le but d’ouvrir une autre bouteille de vin. Les trois ivrognes s’étaient jetés dessus et Jeremiah allait sûrement manquer d’alcool pour supporter son collègue débauché.

En silence Jeremiah s’installa avec les autres sur le divan et gratifia Aaricia d’un hochement de la tête pour la remercier du verre qu’elle venait de lui offrir. En silence, il approcha son verre pour sentit l’arome de ce vin et en bu une petite gorgée. Et bien, ils étaient bien accueillis, Jeremiah n’était pas non plus un spécialiste de vin mais depuis son père, grand amateur de vins du monde entier, lui avait appris les rudiments afin de reconnaître les piquettes, des grands crus en fonction de ses goûts. Le jeune homme ne paraissait pas vraiment bavard mais benjamin et ses cruches semblaient décider à meubler la conversation de choses inutiles... Alors il préférait le laisser faire. Buvant enfin une vraie gorgée, son regard croisa celui de son ôte avant qu’il ne le détourne comme si de rien n’était.
A la question qu’on lui posa, les doutes de l’héritier Carver étaient fondés : S’ils étaient ici, c’était parce qu’Aaricia semblait décidée à le rencontrer. Méthode un peu différente de l’habitude mais après tout avec Benjamin il fallait s’attendre à tout. La précision sur la position de Jeremiah sembla alors percer dans le cerveau de l’un des filles.

" Cela donne du travail… " répondit il tout simplement. Pas vraiment évocateur mais Jeremiah préférait laisser à son père le privilège de sortir cette remarquer. Si Miss Sanders voulait délier la langue du jeune homme, il allait falloir plus qu’un bon verre de vin blanc et quelques compliments le tout arrosé de charme.

Cindy venait de comprendre que Jeremiah n’était pas juste un riche héritier mais déjà bel et bien un fortuné homme d’affaire…Passant son bras sur les épaules du jeune homme en lui adressant un sourire, il se leva alors pour aller rejoindre Aaricia dans la cuisine. Piou, déjà qu’elle ne semblait pas bien rapide à la compréhension, l’alcool ne semblait pas avoir un effet catalyseur chez elle, bien au contraire. Posant son verre vide sur la table de la cuisine, il demanda alors à la jeune femme qui lui tournait le dos.

" Vous avez besoin d’aide peut être ? " demanda t il plus par politesse et excuse de fuir le salon que par réel doute des capacité de son ote.

Et puis autant lui donner ce qu’elle voulait réellement : un entretient privé avec lui car c’était le sentiment que Jeremiah avait. Il en apprendrait par la meme occasion un peu plus. Benjamin avait déjà du donner de nombreuses précisions sur son compte déjà car elle semblait exercer sur lui une certaines influences que beaucoup d’autres n’avaient pas sur cet énergumène.

Jeremiah Carver avait l’air d’être quelqu’un de très prudent. Aaricia remarqua le moment où leur regard se croisa mais qu’il fit comme si de rien n’était. Sûrement était-il habitué au fait que les jeunes femmes veuillent attirer son attention par les moyens relatifs au charme – ou au rentre dedans. La réponse qu’il lui donna à propos de la bourse la laissait sur sa faim ; Jeremiah voulait la jouer mystérieux mais elle ne prit pas cela pour une quelconque offense. Sûrement devait-il la prendre pour une de ses femmes convoitant l’argent avant tout ? S’il savait…

Lorsqu’elle pénétra seule dans la cuisine, son visage devint beaucoup plus dur et sévère. Elle était plongée dans ses pensées à propos de la suite des évènements. Elle se serait bien passée de la présence de Benjamin et des invités surprises mais avait-elle eu le choix ? Elle sortit une bouteille de vin blanc du frigo puis saisit le tire bouchon avec la ferme intention d’en venir à bout. Elle entendit alors des pas derrière elle et le bruit du verre sur la table de la cuisine l’extirpa de ses pensées. Elle se tourna vers Jeremiah et échangea un sourire avec lui. Sûrement avait-il lui aussi voulu fuir l’ambiance pénible du salon.

« Besoin d’aide ? Non merci, mais c’est très aimable à vous. » Lui répondit-elle alors que le bouchon cédait enfin.

Elle se tourna vers lui puis s’approcha, joignant ses lèvres dans une moue amusée.

« Par contre, je pense qu’un verre nous sera d’une grande aide… » Lui lança-elle avec un air faussement exaspéré. « Je suis désolée de vous faire subir ça. En plus de supporter Benjamin durant les repas d’affaires, vous vous voyez obligé de le suivre durant ses soirées… »

Elle se mordit la lèvre inférieure ; décidément, elle ne pouvait s’empêcher de critiquer Benjamin. Elle ne savait pas vraiment si Jeremiah allait confirmer ses dires, mais après tout, elle n’avait jamais prévu de jouer la lèche botte. Elle prit le verre en cristal entre ses doigts fins puis le remplit du doucereux nectar avant de le tendre à Jeremiah.

« En tout cas, ne croyez pas que je veuille vous rendre ivre… » Ajouta-elle en plaisantant. « Ce n’est pas une de mes techniques de prédilection. »

Elle saisit son propre verre puis le remplit avant de poser la bouteille sur le meuble. Heureusement que les vampires pouvaient consommer des boissons humaines. Elle aurait eu bon dos à ne pas pouvoir consommer d’alcool durant sa longue existence d’immortelle. Elle s’appuya contre le rebord du bar qui traversait la cuisine puis croisa l’un de ses bras tout en faisant tourner le liquide dans son verre durant quelques secondes. Son regard se posa à nouveau sur Jeremiah mais elle se décida à rester silencieuse, préférant l’observer. Cela pouvait étonner, et pourtant, c’étaient les habituelles manies de notre jolie femme d’affaire aux longues canines…

Jeremiah s’était attendu à une réponse dans ses eaux la, de ce qu’il avait vu de la réserve d’Aaricia, elle devait être habituée à manipuler une bouteille. (non non je ne la traite pas d’alcolo^^) Il ne cherchait même pas à cacher que c’était une excuse pour fuir le salon, sans oublier qu’elle semblait avoir le même avis que lui sur Benjamin.

"Ce n’est pas tellement ça " répondit il en haussant les épaules. Plissant alors les yeux, il réfléchis à comment exprimer ce qu’il pensait de son collègue. Jeremiah ne critique que les méthodes de travail de ses collègues, en aucun cas, il n’a à donner son avis sur la manière dont Benjamin semble décidé à mener sa vie.

"C’est un collaborateur très respecté dans son domaine "

Et un véritable homme immature en dehors du travail biensur. A moins que cela ne soit Jeremiah qui se prenne bien trop au sérieux pour son age… Il faut dire que la pression paternelle a joué un rôle dans cette évolution. Comme Carver senior se plait à le dire, à son age, il était déjà à la tête de sa firme, marié et avec un enfant…. Si son père ne lui mettait pas autant de bâton dans les roues, il serait peut être au même point que lui…du moins professionnellement parlant. Pour les femmes, le jeune homme semblait avoir des goûts bien difficiles. Attendant un peu son alter ego féminin, il semblerait qu’il ne soit pas décider à la chercher… Pour la simple et bonne raison qu’il est déjà convaincu qui ne la trouvera pas. Toute les femmes de pouvoirs qu’il a pu côtoyer sont des mantes religieuses ou de véritables déficit budgétaire à elles toutes seules et dans le pire des cas, un savant mélange des deux.

Jeremiah a bien compris qu’il est attiré par les belles femmes de pouvoir mais que ce luxe n’est pas sans prix, on ne peut pas espérer se laisser tomber dans les filets de l’une de ses sirènes nageant dans l’argent et le pouvoir sans y laisser quelques plumes. Sans doute Aaricia appartenait à cette catégorie ou du moins, c’est ce qu’il était en train de se demander pendant que celle-ci l’observait en silence, l’héritier Carver en faisait de mêmeIl soutint d’abord son regard avant de boire à son tour une gorgée..

" Me rendre ivre ? Etes vous sure d’en avoir réelement besoin?" demanda t il.

Apres tout c’etait la simple vérité. Aaricia ne devait pas s’amuser à faire boire pour obtenir ce qu’elle voulait, méthode bien trop grossière pour son niveau…Non Jeremiah pensait à quelque chose de bien plus fin mais quoi ? la séduction ? Il était bien forcé de constater que cela marchait.

Il était plutôt évident que Jeremiah Carver n’était pas hermétique aux petites manifestations de charme d’Aaricia ; non, il n’était pas indifférent, mais en même temps, il se montrait sur la réserve. Combien de fois s’était-il fait embobinée ? Cela pouvait se comprendre. Cya devrait alors faire preuve de bon sens et « d’humanité » pour qu’il se laisse conquérir. Elle n’aimait pas les effusions, mais elle aimait le jeu et le défi, et Jeremiah Carver en était un à lui tout seul. Lorsque son interlocuteur exposa son avis sur Benjamin, la jeune femme lâcha un sourire enjôleur. Essayait-t-il de le sauver ? La solidarité masculine, allez savoir…

« Je ne doute aucunement de ses capacités professionnelles… » Ajouta Aaricia avec un sourire en coin.

Inutile d’en rajouter… Elle n’avait pas envie de palabrer toute la soirée sur cet imbécile de Benjamin ; elle avait bien mieux à faire. L’art de la manipulation était un jeu très subtil ; tout d’abord, il fallait toujours aller dans le sens du manipulé mais surtout ne pas trop le mettre en confiance. Le mystère était une règle de rigueur à appliquer. Avec la méfiance dont savait faire preuve Jeremiah, il faudrait bien plus que quelques doux regards pour en venir à bout. Point positif, il soutenait son regard avec insistance ; au moins, on pouvait dire que le courant passait entre eux. Elle porta le verre à ses lèvres, posant sa main libre contre le plan de travail pour se maintenir droite. En entendant sa réponse, la vampire secoua légèrement la tête, ses lèvres jointes dans une moue amusée.

« C’est à vous de me le dire… » Lui répondit-elle en plissant malicieusement les yeux.

Alors que leur jeu de regard ne cessait point – vilaine habitude dont Aaricia ne se lassait jamais – des bruits de pas hésitants retentirent contre le carrelage du couloir qui menait eux. Les yeux sombres de la jeune femme vinrent se poser avec une certaine exaspération sur la crécelle qui venait de s’appuyer contre l’encadrement de la porte. La brune amochée lança un regard aguicheur à l’homme d’affaire puis se dirigea vers lui, d’un pas chancelant. Décidément, elle n’allait pas les lâcher. C’était horripilant. Aaricia arqua un sourcil. Elle trouvait sa présence très indécente, mais ne craignait en même temps rien de sa part. Si Jeremiah Carver était un homme attiré par ce genre de femmes, alors elle se serait trompée sur son compte… Mais en même temps, ne lui avait-il pas prouvé qu’il était au dessus de tout cela ? Elle lança un regard imperturbable à la jeune fille qui se postait prés de Jeremiah, l’air béat et complètement éreintée. Aaricia se demandait bien comment avec autant d’alcool dans le sang ce genre de femmes arrivait à ramener des victimes faciles dans leur lit. L’alcool était un obstacle réel à l’art de la séduction. Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, la jeune femme fit preuve de son étonnante stupidité lorsqu’elle ouvrit la bouche pour débiter tout un tas de réflexions, loin d’être brillantes.

« Alors, vous faites une soirée alternative dans votre coin ? »

Aaricia échangea un regard avec son interlocuteur puis resta muette, préférant voir comment aller se débrouiller Jeremiah pour écarter cette donzelle…

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