Rage et flammes ne font jamais bon ménage [Kris][X]

Après quelques pistes infructueuses, Ivy avait enfin réussi à mettre la main sur l’homme qu’elle détestait sans doute le plus au monde: Joshah Enghart! Cet immondice avait osé la laisser sur place sans la moindre explication et la flamboyante Ivy ne pouvait cautionner un tel affront. Il devait payer et ce, par n’importe quel moyen. La vancam avait d’abord pensé à une attaque de front mais elle n’avait encore jamais attaqué personne, en dehors de ses frères et sœurs dans des jeux puériles. Elle avait finalement remis à plus tard l’étude de ce sujet et, ce faisant, elle se trouvait bien dépourvu lorsque son regard tomba enfin sur l’une des personnes qu’elle avait le plus désiré et qu’elle détestait désormais tant.
Ivy était adossée au balcon d’un appartement de la Côte d'or et observait discrètement, à travers une porte-fenêtre à demi-ouverte, l’homme de l’appartement voisin. Joshah s’était réfugié chez sa sœur pour une obscure raison, mais cela n’avait pas d’importance. Ce qui comptait c’était qu’il avait un portable à la main et qu’il l’approcha bientôt de son oreille. Ivy se servit de son ouie merveilleusement développée afin de ne pas louper un mot de la conversation. Apparemment, son interlocuteur était une femme et elle venait sûrement de lui poser un lapin ou de l‘envoyer paître. Toujours était-il que Josh avait un air piètrement attristé et désolé. Le simple fait de songer qu’il puisse être attaché à cette femme au bout du fil ne fit faire qu’un tour au sang d’Ivy.
Josh donna rendez vous à son interlocutrice. Il ne serait pas dit que la sublime vancam soit oubliée si aisément! Le jeune homme avait rendez-vous avec sa nouvelle conquête? Soit, mais il la trouverait dans un piteux état!

Ni une, ni deux, Ivy quitta son appartement et se rendit jusqu’à une petite boutique du centre ville où Josh avait rendez-vous avec sa douce moitié. La vancam se sentait piquée au vif et ressentait un énorme trouble devant la puissance de ce qu’elle ressentait.
Lorsqu’elle pénétra dans la boutique et que son regard tomba sur l’unique personne qui s’y trouvait, Ivy sentit fondre les dernières brides de sa douceur traditionnelle. Cette femme devant elle, elle avait très envie de lui faire du mal. Aussi sûrement qu‘elle ressentait la fin ou le froid, Ivy savait qu’elle prendrait plaisir à la faire souffrir. Un plaisir peu commun même.

Son regard était brûlant lorsque, sans même quitter son ‘ennemie’ du regard, elle verrouilla la porte de la boutique derrière elle.

« Joshah Enghart, ça vous dit quelque chose? »

Ivy posait cette question par mesure de précaution, ce serait dommage de faire souffrir la mauvaise personne.

« Euh… oui, c’est un ami… »

« En quoi puis je vous aider ? »

Le calme … Ivy tentait de le retrouver. L’état dans lequel elle se trouvait lui faisait presque peur. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle réagissait ainsi, mais savoir Joshah amoureux d’une autre avait eu le don de la mettre hors d’elle. Ce fut sans doute pourquoi, en détaillant la femme se trouvant face à elle, Ivy connu une certaine déception. Était-ce vraiment de ‘ça’ dont Josh avait pu s’éprendre? Ivy n’ignorait pas le faible de son ex pour les blondes, mais elle ne connaissait pas, en revanche, son penchant pour les femmes rachitiques. Sans compter que cette humaine n’avait rien d’extraordinaire! Peut-être avait-elle des talents cachés, mais l’orgueil d’Ivy la poussait à penser que cette femme, on ne peut plus classique, ne pouvait pas prétendre lui arriver ne serait-ce qu’ à la cheville.

Et il y avait sa voix de commerçante à trois sous. Pensait-elle vraiment que la si parfaite Ivy croirait le mensonge qu’elle venait de lui servir? La vancam détestait au plus haut point les gens trop lâches pour dire la vérité. C’était vraiment trop pathétique! Et Josh préférait cette si fade personne à la lumineuse Ivy? Non, la jeune femme ne pouvait y croire.

Voilà pourquoi elle s’approcha de son interlocutrice, le regard glaçant, et lui répondit sur un ton faussement désolé.

« Je crois que vous aviez rendez-vous, je suis navrée mais il semble que vous ne serez pas tout à fait disponible lorsque votre ‘ami’ se présentera … »

Sans plus de cérémonie, la vancam agrippa celle qu’elle prenait pour une simple humaine et l’emmena jusqu’à une porte, qu’elle ouvrit, et qui débouchait sur des escaliers. Ivy les descendit rapidement, traînant derrière elle la commerçante, et comprit qu’il s’agissait d’une sorte de réserve. Après avoir fait passé l’humaine devant elle, Ivy la poussa pour qu’elle avance mais ne réussit qu’à lui faire perdre son équilibre. L’autre par terre, à sa merci, la vancam s’en approcha et lui asséna un violent coup de pied dans les côtes. Elle avait senti toute sa rage se déverser dans ce coup et … cela lui avait fait le plus grand bien!

Ivy s’accroupit et s’empara du menton de la jolie blonde, apparemment trop surprise par les évènements pour faire quoique ce soit. Elle la força à la regarder, maintenant d’une main de fer le menton de son ‘interlocutrice’ et lui dit d’une voix amusée:

« Toi et moi, nous allons beaucoup nous amuser, je le sens! »

Se rendait-elle compte, au fond, que sa façon d’agir était ce que l’on désignait, selon les archétypes établis, de mal? Sans doute pas. La manipulation génétique a ses règles, que le ‘père’ des vancams avait parfaitement respecté, mais il est des choses, dans la nature humaine, que l’on ne peut jamais vraiment contrôler. Ivy semblait totalement dépourvue du sens du bien et du mal en cet instant où seules ses émotions lui dictaient sa conduite.

Je savais que quelque chose clochait dans mon raisonnement, et j’en eu la confirmation lorsque la jeune femme s’approcha de moi telle une prédatrice. Et ses propos sonnant comme des menaces à mon oreille, ne firent qu’accentuer mon impression… Sans que je puisse prononcer une parole ou esquiver le moindre mouvement, je me retrouvais au sol, après avoir dégringolé les escaliers menant à ma réserve. Merde ! J’y avais entreposé un humain la veille, il m’avait servit de déjeuner aujourd’hui et son corps gisait sans vie dans un coin (et oui, il va te falloir le sang d’un mort ^^). Je n’eu pas plus le temps d’y réfléchir, car je ressentais une fugace mais violente douleur aux côtes. Mais que me voulait elle ? Ses paroles précédentes me revinrent à l’esprit… Etait ce une quelconque vengeance contre Joshah ? Mais pourquoi s’en prendre à moi dans ce cas ? Rien ne nous attachait l’un à l’autre, la seule chose qui nous unissait c’était Haydan ! Inutile de faire part de ce détaille à cette femme, elle irait de suite s’en prendre à mon fils, chose que je refusait ! L’autre s’était baissée, attrapant mon menton sans aucune délicatesse pour proférer de nouvelles menaces tout en ironie.

Mais au faite, pourquoi restais je ainsi, sans me défendre ? Il ne s’agissait pas d’un Lycan, j’en étais persuadée, je les connaissais tous de vue, ils vivaient tous au manoir, et jamais je n’y avais croisé cette femme ! Dans ce cas, je pouvais la tuer… Je m’arrachais de l’étreinte de celle que je prenais pour une folle et me relevais rapidement. Dévoilant ma véritable nature en laissant mes crocs apparaîtrent, je m’élançais sur elle avec souplesse, la faisant chuter à son tour, avec mon corps l’écrasant de tout son poids. Mes mains vinrent enlacer son cou puis se serrèrent pour l’étrangler. Elle s’agitait sous moi, mais j’étais sûr d’avoir pour de bon le dessus, et qu’elle ne tarderait pas à rendre son dernier souffle. Avec une voix pleine de sarcasme, je rapprochais mon visage du sien et lui susurrais :

- Alors… Tu t’amuses bien ?

Sans que je ne sache comment, je ressentis une douleur aigue à la tête, et je sentis mes yeux se fermer, puis mon corps s’effondrer sans que je ne puisse y faire quelque chose. Lorsque je repris connaissance, je me trouvais les mains liées aux accoudoirs d’une vielle chaise, et les pieds joins à ceux de cette dernière. Là, j’étais en très mauvaise posture…

Ce fut d’abord la surprise qui s’empara d’Ivy lorsque la femme se dégagea de son emprise et se releva avec une souplesse peu commune. Mais à la surprise succéda la frustration. Comment Ivy avait pu ne pas penser à ce qui se présenta sous ses yeux. Une vampire! La rage avait pris possession de la vancam au point qu’elle n’avait même pas songer pouvoir se retrouver face à une créature de la nuit. Pour autant, la jeune femme ne connaissait aucune peur de ces bestioles, mais peut-être était-ce parce qu’elle n’en avait jamais vraiment rencontré, du moins pas sous leur forme originel. Ivy ne pouvait pas se leurrer, elle se sentit soudain impressionnée par cette créature qui s’élançait sur elle avec une grâce peu indiquée à la situation.

Ivy sentit le contact du sol bien avant de se rendre compte qu’elle tombait. La vancam connaissait un revirement de situation auquel elle ne s’était absolument pas attendue.

* Tant mieux, les choses n’en seront que plus amusantes encore! *

Tandis que la femme aux canines aiguisées tentait de l’étrangler, Ivy se débattit d’abord par réflexe, avant de réaliser qu’il y avait un moyen bien plus efficace de se débarrasser de cette harpie. D’ailleurs, lorsque la vampire approcha son visage de celui de la vancam, Ivy sut que c’était le moment idéal d’agir. Dès que la créature eut fait la fière par quelques belles paroles, Ivy appliqua soudainement ses mains sur les tempes de la femme. Ses mains se mirent à rougir puis devinrent brûlantes, ayant vite raison de la pitoyable résistance de la vampire.

Envoyant rouler plus loin le corps inerte de la commerçante, Ivy se releva et la regarda quelques instants. Finalement, cette femme n’était pas aussi anodine qu’elle le pensait, mais cela ne changeait rien au fait qu’elle ne parviendrait jamais à la cheville de la jolie vancam. Un sourire satisfait s’élargit sur le visage d’Ivy qui se penchant sur l’inconsciente et entreprit de l’attacher à une chaise qui se trouvait là.

Durant le laps de temps où la vampire ne réagissait plus, Ivy entama une petite inspection de la pièce qui lui permit de retrouver un cadavre qui ne devait pas dater de plus d’un ou deux jours. La vancam s’en éloigna avec un air de dégoût. Elle préférait encore se nourrir de sang animal plutôt qu’humain, ne serait-ce que par hygiène ou éthique.
C’est alors qu’elle songea que séquestrer la nouvelle copine de son ex n’était pas forcément très éthique, mais la principale intéressée repris connaissance, empêchant Ivy de mener plus loin sa réflexion.

La jeune femme s’approcha de sa captive et lui fit un grand sourire charmeur:

« As-tu bien dormi, petit monstre? »

Ivy partit d’un petit rire cristallin tout à fait détestable afin de se recomposer un air parfaitement neutre, voire même un brin glacial. Elle n’avait pas l’intention de tergiverser des heures avec une vampire dont la compagnie ne lui plaisait pas outre mesure.

« Mais venons en au choses sérieuse: Depuis quand es-tu avec Joshah? Réponds!! »

Elle s’était légèrement énervé et avait haussé la voix sur le dernier mot, mais c’était tout simplement qu’elle y tenait à sa réponse, histoire de se donner une stupide bonne raison de faire du mal à cette vampire ingrate.

J’avais affreusement mal au crâne, jamais je n’avais ressenti une telle douleur auparavant. Et le pire, c’était que je ne savais pas comment cette femme avait pu m’infliger une telle blessure. Me rendant compte de la situation dans laquelle je me trouvais, je me mis à gigoter essayant de me libérer de ces liens malheureusement trop bien serrés. Puis finalement, je me stoppais en entendant la voix de la blonde s’élever. Si elle pensait pouvoir me vexer en me traitant de monstre, elle se trompait ! Je ne m’étais jamais vu autrement qu’ainsi… Son rire agressa mes oreilles, et je ne pu retenir une grimace… Ce n’était pas vraiment intelligent, je n’étais pas en position de force, il valait donc mieux éviter de la mettre en rogne. Je ne pouvais m’empêcher de me questionner sur ses motivations. Si elle souhaitait réellement se venger de Joshah pour une quelconque raison, pourquoi s’en prendre à moi ? Il aurait été plus facile et concluant de s’en prendre directement à lui.

De nouvelles paroles, et je compris enfin. Je partis à rire, sans joie, aucune, plutôt de façon cynique. Alors c’était ça ? J’avais à faire à une femme jalouse et possessive ! Une grue que Joshah avait du lever un soir et qui avait, par on ne sait quel moyen, entendu parler de moi. Et bien, qu’elle vérifie ses sources ! Ses informations semblaient faussées.

- Voilà donc la raison de toute cette mascarade… Très bien, je vais te répondre, bien que la question adéquate à la situation serait : ‘depuis quand ne sommes nous plus ensemble ?’ Et la réponse est plus d’un siècle !

Pas la peine d’évoquer nos ébats du à nos hormones… Elle n’avait vraiment pas besoin de savoir ça, et c’était préférable pour mon intégrité physique !

- Soulagée ? Peut on arrêter toute cette mise en scène maintenant ?

Franchement, Joshah devait apprendre à faire plus attention en choisissant ses conquêtes ! Enfin, il faisait ce qu’il voulait, mais je n’avait pas à me retrouver mêler à ses histoires…